Kwegne

  • 2010
  • Contre-Jour

"Incontestablement il y a un souffle, un élan. la voix est puissante, ample, cuivrée, les textes en français, anglais, en béti ou en bamiléké distillent un message humaniste prônant l'unité et la tolérance, fustigeant les mariages forcés. La chanteuse camerounaise Kareyce Fotso est-elle pour autant la nouvelle promesse africaine annoncée ici ou là ? Ce serait le cas si ses mélodies étaient moins uniformément plaintives, si ses arrangements étaient plus musclés. Son blues lancinant, qui flirte parfois avec les tics de la chanson de variété, irait alors vers des tonalités plus chatoyantes, plus subtiles. Cette ancienne étudiante en biochimie et en audiovisuel forgée à l'école des cabarets de Yaoundé pourrait aussi carrément virer de cap en allant vers la sobriété. C'est d'ailleurs le cas à mi-parcours, lorsque dans les titres "Goun" et "Poa'lag" la dame opte pour un ton proche de la confidence sur les notes claires de sa guitare, ses envolées haut perchées venant en judicieux contrepoints. Elle prend alors le temps d'habiter son chant sans forcer sa voix, sans aller vers le démonstratif. Dans l'avant-dernier titre ("Sea chant"), elle s'essaie également à de véhémentes vocalises a cappella, rythmées ponctuellement par les coquillages attachés à ses chevilles. Son charme solaire opère alors dans toute sa plénitude. Oui, vraiment, Kareyce Fotso pourrait aller très loin avec un répertoire plus aiguisé." Eliane Azoulay, télérama - fff