Gerardo Jerez Le Cam

Argentina

Gerardo Jerez Le Cam

Nouvel album "Buenos Aires Esquinas y Fugas" à paraître en avril 2022

Duo (piano, violon) et trio (piano, violon, bandonéon) disponibles en 2022/2023
 
Compositeur et pianiste, Gerardo Jerez Le Cam est né en 1963 à Buenos Aires où il réalise ses études musicales au conservatoire Dipolito et se perfectionne avec le pianiste Alberto Mercanti. Il dirige dans des compagnies d’Opéra, intègre des ensembles de musique classique, contemporaine, folklore argentin et tango. Arrivé en France en 1992, il rencontre le violoniste Iacob Maciuca et d’autres musiciens des pays de l’Est qui lui révèlent une influence fondamentale dans son langage original de composition musicale. Il crée différentes formations comme le "Cuarteto Jerez", "Translave", et plus récemment son quatuor le "Jerez Le Cam Quartet". En tant qu’interprète il s'est produit avec Juan José Mosalini, Raul Barboza, Gotan Project, Julia Migenes, Tomas Gubitsch, Osvaldo Calo, ...
 
Ses dernières créations : "Barok Tango" et "Tangos para Bach", "Sonatas Tangueras" et "Raices", écriture d'oeuvres pour l'Orchestre de Saint-Nazaire, l’Orchestre Philarmonique de Nantes, l'Aria de Paris ("Cantatas Immigrantes"), "Miniaturas lunares" avec la chanteuse baroque Anne Magoüet en 2019, "Balcanik Bach" en duo avec Iacob Maciuca en 2021.

Son nouvel album, "Buenos Aires Esquinas y Fugas", à paraître en janvier 2022 chez Label Ouest/L'Autre Distribution, a été enregistré en trio avec le violoniste Iacob Maciuca et le bandonéoniste Manu Comté.
 
À propos de l'album "Balcanik Bach" :
"Je me suis toujours interrogé sur le rapport existant entre la vie quotidienne de Johan Sebastien Bach et les musiques populaires de son époque. Ce géant de la création musicale de tous les temps a puisé dans les ressources folkloriques européennes à travers ses nombreux déplacements, toujours habité d'une curiosité sans limite. En complicité avec Iacob Maciuca, qui m’a permis de découvrir depuis 1992 la culture des Balkans, on aborde un point de vue différent de la musique de J.S. Bach. À travers les diverses danses, on parcourt un chemin qui communique avec l’esprit festif et populaire des peuples de l’Est d’Europe. Les musiciens Tziganes, venus d'orient, ont réussi à croiser d’une manière admirable les différentes sources musicales à travers leurs voyages. Cette rencontre, qui nous surprend et nous apporte une joie unique, reflète les nombreuses possibilités de passerelles entre les musiques savantes et populaires." Gerardo Jerez Le Cam
 
http://jerezlecam.com/
https://www.facebook.com/jerezlecam
  • Jerez Le Cam : le dialogue du tango argentin et de la légèreté tzigane

    Le titre d'un album de 2010 en dit long sur l'originalité de Jerez Le Cam : Tango Balkanico. L'adjectif balkanique accolé au genre musical argentin éclaire la vivacité poignante du pianiste de mélodies enjouées. Arrivé de Buenos Aires il y a une vingtaine d'années, Gerardo Jerez Le Cam réside désormais dans la région de Nantes. Il explique sa pratique d'un subtil mélange.
     
    Vos créations ont-elles vocation à briser les frontières entre musique savante et populaire ?
    GJLC: Je pars du principe qu'il n'y a pas de frontière. Je ne me pose pas la question de savoir si je fais de la musique plutôt savante ou contemporaine, classique ou populaire. Pour moi, l'important est de ne pas penser à cela quand j'écris mais à des choses plus simples, comme les personnes que je dirige, le lieu où je me trouve, le rapport à la mélodie… Je laisse les influences musicales venir à moi. Naturellement, comme j'ai une éducation musicale classique et que j'ai joué beaucoup de musique populaire, on retrouve ces deux éléments dans l'écriture. Notre quartet arrive à toucher des publics de connaisseurs aussi bien que des personnes issues de milieux ruraux. Récemment, on a été dans la forêt du Nord de l'Argentine, où se trouvent les Indiens Wichis, et la musique y a été très bien reçue.
     
    La comparaison avec Astor Piazzolla paraît frappante. Quel est votre rapport au tango ?
    GJLC: En Argentine, on est obligé de passer par là. On est plongé dans une sorte d'énorme piscine et cela fait partie de la personnalité des gens de la ville d'être de bons nageurs. Je le porte en moi, mais le tango a toujours été un outil ou un pont. J'ai eu l'occasion d'écouter Piazzolla lorsque j'avais quinze ans, dans les années soixante-dix et cela m'a beaucoup marqué. Il a ouvert le tango aux autres musiques en incluant du jazz et du rock, ce qui était scandaleux pour les musiciens traditionnels de tango.
     
    A l'origine de votre projet, vouliez-vous le moderniser ?
    GJLC: Je ne voulais pas nécessairement le moderniser mais trouver un langage original. J'avais envie d'exprimer le rapport de la musique avec les autres arts, comme la poésie et l'image, mais aussi des sentiments plus directs comme l'amour, les rêves et mon vécu du quotidien.
     
    Qu'avez-vous tiré de vos collaborations avec Gotan Project ?
    GJLC: Je suis parti deux fois en tournée avec eux, ils m'ont invité en tant que pianiste. C'était particulier parce qu'il fallait jouer pour un public beaucoup plus nombreux, la rencontre avec la salle était impressionnante. J'ai découvert Gotan Project dans les années quatre-vingt-dix et la fusion qu'ils réalisent m'intéressait.
     
    Certaines de vos compositions laissent transparaître une ambiance plus joyeuse que dans le tango traditionnel. Cela vient-il de l'influence balkanique ? Et n'est-ce pas antithétique avec ce qui fonde le tango ?
    GJLC: Avant d'arriver en France, ma rencontre avec les musiciens des pays de l'Est a été un grand choc. Non seulement d'un point de vue musical, mais aussi dans la manière d'être des habitants. J'ai rencontré des Russes, des Ukrainiens et surtout des Roumains. Leur façon de vivre l'instant et la fête dans la jovialité est d'une légèreté et d'une puissance frappantes. Tout cela s'est traduit dans la musique. J'ai pu incorporer des éléments de langage à ce que je portais en moi, c'est-à-dire le tango et la musique classique d'Amérique latine. Il m'a paru intéressant de trouver un contrepoids, un dialogue entre la pesanteur du tango et la légèreté de la musique tsigane. C'est un contraste qui marche.
     
    Vous avez adapté des morceaux de J. S. Bach : d'où est venue cette envie ?
    GJLC: Je joue Bach depuis mon enfance et c'est toujours un plaisir. Sa puissance de langage m'impressionne, ainsi que tout son aspect émotionnel. Depuis longtemps, je fais un travail sur le prélude et fugue du Clavier bien tempéré. J'ai voulu faire un miroir entre la musique de Bach et la mienne. J'étais inspiré par cet effacement des frontières entre musique populaire et savante. Bach était dans la même situation à son époque : c'était un grand connaisseur de la musique populaire , tout en étant très diversifié, grâce à ses visites à travers l'Europe.
     
    A l'image des mélanges musicaux que vous opérez, votre quartet est composé de membres aux multiples origines. Quelle est son histoire ?
    GJLC: Le quatuor est né il y a presque huit ans, de la rencontre entre le bandonéon et le cymbalum. Je joue avec Mihai Trestian, d'origine moldave, depuis une quinzaine d'années. Au bandonéon, le belge Manu Comté. Iacob Maciuca est un violoniste roumain. Je l'ai rencontré en arrivant à Nantes, il y a plus de vingt ans. C'est un peu grâce à lui que j'ai découvert les premières couleurs de la musique tsigane.
     
    Pourquoi vous êtes-vous installé en France ?
    GJLC: Mon père est d'origine nantaise, cela m'a décidé à venir dans cette région. Je voulais venir en Europe, simplement pour découvrir une autre approche de la musique. Cela m'a beaucoup apporté d'observer les croisements culturels. J'ai aussi rencontré des personnes de pays arabes, d'Afrique, d'un peu partout. On n'a pas cette chance en Argentine. Cela a été déterminant pour l'enrichissement de ma musique.
     
    A quel point la référence à l'immigration se reflète-t-elle dans votre musique ?
    GJLC: Dans tout le travail que j'ai réalisé jusqu'à présent, sauf le dernier Las voces del silencio, on trouve cet élément. Mes parents sont des immigrés et mes grand-parents l'étaient aussi, donc je ressens très fortement ce déracinement. Cette recherche de racines constitue la force d'une certaine nostalgie lorsque l'on arrive dans un nouveau pays. Le dernier album, Ofofof, s'est d'ailleurs appelé "Raices" lors de la tournée. Quant au projet Las voces del silencio, il résulte d'un voyage dans la province du Chaco, au Nord de l'Argentine. J'ai vu les Indiens Wichis qui, eux, sont arrivés bien avant les conquistadors. Ce dernier travail évoque les origines et ne parle pas des immigrants. Il parle de ce peuple à qui l'on a arraché sa terre, de sa culture. On s'est éloigné de la ville, et en allant dans la nature, on a laissé de côté la référence à l'immigration.
     
    Propos recueillis par Lauriane Morel
    Mondomix - 2013
     
     

  • LineUp FR:

    Jerez Le Cam Quartet
    Gerardo Jerez Le Cam: piano
    Iacob Maciuca: violon
    Manu Comté: bandonéon
    Mihai Trestian: cymbalum